Gonzo Lubitsch ou l’incroyable odyssée

HUNGRY

oui, bon, sous cet angle il a un peu l’air con …

 

Pour ce début 2011, revenons sur l’un des livres les plus incroyablement – et diaboliquement à n’en pas douter – hallucinants de l’année passée. Parce que le passéisme c’est bon pour toi.

Vous est-il déjà arrivé de vous sentir si transporté par un bouquin que votre vie entière paraît prendre un sens nouveau ? Si touché que vous ne pouvez retenir vos larmes ? Si emballé que vous n’arrêtez pas de saouler tout le monde autour de vous avec ça ? Si jaloux de cet auteur de dix ans votre cadet et qui écrit mieux que vous ne pourrez jamais le faire des histoires si incroyablement géniales que vous ne pourriez jamais les avoir imaginées ?

Évidemment que oui ! Vous êtes des gens biens, je le vois à votre lecture de cet article. Et les gens biens ressentent toutes ces choses. Et Gonzo Lubitsch c’est tout ça. Et bien plus encore …

Expédions le côté people en quelques mots. Oui Nick Harkaway est bien le fils de John LeCarré. Et oui ça a dû carrément l’aider à trouver un éditeur. Et à savoir écrire aussi. Parce que justement, that is the point.

L’incroyable odyssée c’est l’histoire de Gonzo Lubitsch. Un type comme on en connaît tous. Le type que tout le monde a rêvé d’être : à l’aise en toute circonstance, populaire, séduisant, rebelle mais pas trop, impulsif et instinctif, ultra balaise à la bagarre, ayant toujours une répartie irréprochable et la classe en toute occasion. Un type qu’on adore et qu’on déteste. Qu’on aime détester en fait. Qu’on jalouse au fond. Et c’est exactement ce que le narrateur de cette histoire ressent. Il est l’ami de Gonzo depuis l’enfance, élevé avec lui, toujours dans son ombre depuis les couches-culottes jusque dans leur vie d’adultes. Il est son exact contraire : pas très doué, pas très sociable, mesuré en toute chose, responsable et, il faut bien le dire, un peu chiant. Mais c’est lui qui nous guide dans ce monde alors oublions tous ces détails.

Nous sommes dans un futur sans doute pas si lointain. Le monde que nous avons connu n’a que peu à voir avec celui-ci. La mystérieuse Guerre à Effacer a changé la donne, anéantissant une bonne partie de la population et rendant des zones entières inhabitables. Pas des zones en fait, l’ensemble de la planète sauf un anneau organisé autour d’une canalisation. Un gros tuyau qui fait le tour du monde et dont les hommes ne peuvent s’éloigner s’ils espèrent vivre. Yummy ! Mais voilà. Une des usines qui fabrique le fluide circulant dans ce gros tuyau vient de prendre feu, on vient donc chercher le héros, Gonzo et sa bande, pour remettre de l’ordre dans tout ça. Notre ami le narrateur profite de ce début légèrement tendu pour nous raconter comment on est arrivé là et il commence par les bases : l’enfance de Gonzo et la sienne…

Plein de gens ont parlé de ce livre. Plein de gens ont aimé ce bouquin. Je n’ai pas envie de vous redire ce que d’autres ont bien écrit mais en gros l’idée est assez simple : putain précipitez-vous et lisez ce pavé !

Presque 700 pages, d’une écriture dense et intense, vous attirant de page en page dans le piège que vous dresse Harkaway… Vous en aurez pour votre argent, parole (vous pouvez aussi le voler ou l’emprunter en bibliothèque, hein ?). Vous passerez du rire aux larmes en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Vous allez faire ce que je vous dis bande de moules ! ».

Un dernier mot pour finir et je le laisse à l’auteur lui-même parce que finalement on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même :

« Plus que tout j’ai voulu que ce livre soit drôle, dit-il, plus drôle que votre vie de tous les jours ; qu’il vous tienne éveillé toute la nuit et vous oblige à téléphoner au bureau, le lendemain matin, pour vous faire porter pâle. Et cela, à seule fin d’en achever la lecture. Bref, j’ai voulu, avec ce livre, vous dérober une journée de votre vie. »

Ok … Pari tenu !

Gonzo Lubitsch ou l’incroyable odyssée (The Gone-Away World) de Nick Harkaway (Royaume-Uni, 2008). Publié chez Robert Laffont en 2010. 668 pages (seulement).

ARTICLE PARU DANS LE TRÈS BEAU SITE ORIGINAL PLATYPUS EN Janvier 2011

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